Manos del Uruguay et le commerce équitable.

Je viens vous faire partager ma réflexion au sujet des laines Manos del Uruguay. Ces matières comme beaucoup d'autres, ont subi d'énormes augmentations ( Le prix d'achat a doublé en 6 ans...).Le discours d'Artesano, qui importe ces laines pour l'Europe est que la répercution des hausses est inévitable, et que l'augmentation aurait déjà dû être réalisée l'an dernier.

Je suis particulièrement attachée à cette marque qui est en fait la seule que je distribue reconnue comme étant du commerce équitable. J'ai donc, comme mes concurrentes, réduit ma marge au maximum pour participer à la démarche. Mais aujourd'hui, quand je vois la Clasica proposée en vente à perte, je me dois de prendre des décisions. Pour proposer un produit sans " gagner" d'argent, il faut soit être une association à but non lucratif, soit être un hypermarché qui se rattrape sur d'autres produits... Je ne suis ni l'une ni l'autre!

Le dilemne m'a conduite à vous proposer une solution qui pourra peut-être satisfaire tout le monde, du moins provisoirement: Vous allez avoir le choix, sur mon site et pour les qualités Clasica, Serena et Lace, d'acheter ce qu'il me reste en stock avec, ou sans réduction!

En effet, c'est une absolue contradiction de proposer ces laines sans rien gagner puisque c'est sensé être du commerce équitable. Equitable pour qui?

Pour la coopérative qui les fabrique? Ok, c'est chouette, et j'adhère.

Pour Artesano qui les importe? J'adhère moyennement, mais il faut savoir ce que nous voulons, et donc, aider Artesano à importer.

Pour la lainière que je suis? Alors là, pas du tout, puisque , même si je peux faire un effort, je ne peux devenir sans mourir une association caritative;et je ne peux pas demander au RSI ni aux impôts d'avoir une démarche équitable ( Chiche, on essaie?)

Je ne fonctionne pas selon un mode classique qui consiste à brader pour sans cesse proposer des nouveautés. Je résiste à la tentation car c'est un cercle sans fin, et j'arrive, quand même, à innover sans pour autant être infidèle à mes premiers choix...

Voici donc le système: Vous trouverez sur les pages de Clasica, Serena et Lace, tout en double. Chaque écheveau en stock est proposé au juste prix ET avec une réduction de 30 %. C'est à vous de doser votre participation au " commerce équitable", selon vos moyens et vos convictions. Rien ne vous empêche de commander quelques articles au prix réduit, et d'autres au juste prix.

Compte tenu de la crise, je ne tiendrai absolument pas rigueur à celles qui préfèrent tout acheter au prix bas. Au contraire, je les remercie d'avance de leur achat , sans lequel elles ne pourraient pas découvrir ces belles laines.

Cette offre insolite est bien sûr limitée au stock. Pour la suite, je ne veux pas retirer les références, mais tout sera sur commande une fois le stock liquidé.

J'attends vos réactions. Pensez-vous que mon idée est " juste"?

Comments

[pascale0722]

Merci de vos réactions! Moi aussi, je suis empêtrée dans mes contradictions... Mais comment faire pour avoir à sa porte, sans transport, le troupeau de moutons, celui d'alpagas ou de chèvres angora? Et la soie? dois-je racheter une vieille magnanerie ardèchoise, planter mes mûriers et élever mes vers à soie?

Encore faut-il également la structure pour traiter les toisons, les champs pour les colorants végétaux ( qui ne sont pas si écolos que ça puisqu'ils utilisent beaucoup d'eau.). Que vaut-il mieux? Des filatures françaises ( dont on n'est pas trop sûrs d'ailleurs que tout est fait sur place, le " made in France" ne donnant pas la garantie , loin s'en faut, que les fibres sont françaises... Effectivement, il faudrait se limiter au Fado...Mais si je ne vends que du Fado...je ferme( et encore , le Fado arrive par camion de Chrono post, et repart chez vous par la poste, en camion aussi...), je suis frustrée dans mes désirs créatifs... et je vais pointer à Pôle emploi... Alors, faisons toutes des efforts, mais dans la limite de notre possible à toutes, en essayant d'être de bonne foi...

[Az]

Je trouve la démarche intéressante en soi, et elle me conviendrait si je commandais chez Artesano. Personnellement je fais passer le facteur écologie avant le facteur équitable, et c'est le fait que les fils viennent de loin (donc empreinte carbone en conséquence) qui fait que je ne les achète pas. Cela dit, je vois bien aussi mes contradictions, car je n'achète pas que français, et que des fils bio - quand je ne trouve pas ce que je veux en fil français Je suis totalement accro à la fado, mais mais je ne tricote pas que cela.Chacun fait selon ses priorités et ses convictions, et je trouve ta proposition de double tarif vraiment responsable (et responsabilisante pour la cliente).

[Evelyne_Spirou]

Je comprends le dilemme et j'admire ta capacité à présenter les choses. J'adhère à ce principe et j'espère que la démarche aura du succès. Bon courage !